Effet Mozart & épilepsie : état des lieux des recherches

L’épilepsie est la 2ème maladie neurologique la plus répandue au monde.

Au 1er janvier 2020, 685 122 personnes épileptiques traitées ont été identifiées en France (1). On estime qu’1 personne sur 10 fera 1 crise au moins une fois dans sa vie. Pourtant cette maladie est tellement méconnue et taboue que les gens passent des années à errer dans la recherche de leur diagnostic, puis dans la recherche d’un traitement qui fonctionne.
Un tiers des patients épileptiques est reconnu comme pharmaco-résistant, c'est-à-dire que les crises persistent malgré le traitement médicamenteux. Lorsque le traitement médicamenteux fonctionnent, les effets secondaires peuvent être parfois handicapants.

L’Effet Mozart comme traitement non médicamenteux de l'épilepsie ?

« L’Effet Mozart » est corrélé à la découverte par Hugues et Al en 1998 de l’impact de la Sonate K448 de Mozart sur l’activité épileptique de patients pharmaco-résistants (2). Depuis lors, de nombreuses équipes de recherches dans le monde ont travaillé sur l’impact de l’écoute de cette musique sur le cerveau des personnes souffrant d’épilepsie.
Nous avons parcouru une centaine de publications sur le sujet et avons sélectionné et analysé les 25 publications estimées les plus pertinentes. Le choix s’est opéré en prenant en considération d’une part le sérieux des protocoles scientifiques adoptés pour les essais cliniques, d’autre part la prévalence du nombre de citations des articles et enfin l’expertise avérée des chercheurs opérant les études.
Les éléments les plus saillants qui ressortent de cette méta-analyse sont les suivants :
- En prenant en compte l'hétérogéneïté des protocoles, l'écoute quotidienne de la sonate K448 de Mozart donne en moyenne une réduction de la fréquence des crises d'un tiers, et une réduction de 80% des pointes épileptiques chez les patients (3). Les études montrent qu'une exposition de 30 secondes minimum est nécessaire pour avoir un impact significatif (4).
- La majeure partie de la recherche s'est concentrée sur la Sonate Mozart K.448. Les centaines de morceaux testés en comparaison avec K448 n’ont pas donné de résultats positifs sur l’épilepsie - à l’exception de la sonate K545 de Mozart (5).
- Un défaut d’analyse musicologique est prégnant dans l’ensemble des recherches. Les essais cliniques conduits par des équipes neurologiques n’ont dans l’ensemble pas intégré d’expertise transversale, notamment musicale. Le mécanisme exact sous-tendant l'effet du son ou de la musique sur le cerveau épileptique reste donc actuellement inconnu. Le choix des autres compositions en musiques contrôles dans les recherches opérées ne permet pas de comprendre pourquoi K448 et K545 ont un impact et ne se base sur aucune raison musicologique.
- Les recherches suggèrent que la réponse à K448 est plus complexe que les théories liées au système de récompense à la dopamine. La sonate de Mozart fonctionne sur des animaux, sur des patients qui dorment, et sur des patients dans le coma (6). Lorsque l'on met dans la musique contrôle le choix du morceau préféré des patients, celui-ci n'a lui aucun impact sur l'activité épileptique.

Avec la présence d'experts en neurologie, musicologie, écriture mozartienne et la collaboration d'association de patients, Epilepsía Waves a réuni un consortium d'acteurs transversaux inédit à ce jour dans la recherche sur le sujet.